1783-1830 : aux origines de la conscience patrimoniale
La notion de monument historique se dessine pendant la Révolution. Les élus du peuple appellent tour à tour à faire table rase de l’Ancien Régime et à conserver des traces matérielles de celui-ci, considérées comme partie intégrante de l’identité nationale. Avec la nationalisation des biens du clergé, des nobles émigrés et de la Couronne, l’État se dote d’une nouvelle mission : sélectionner, parmi ces biens, ceux qui méritent d’être conservés.
En 1790, l’Assemblée constituante crée la Commission des monuments, chargée d’élaborer les premières instructions relatives à l’inventaire et à la conservation des œuvres d’art. l’enseignement".
Les biens nationaux connaissent des fortunes diverses : certains sont livrés à la vindicte populaire ; la plupart, vendus à des particuliers, disparaissent. En 1793, la Convention interdit par décret les démolitions et prévoit que les monuments transportables intéressant les arts et l’histoire seront transférés dans les musées les plus proches.
1830-1930 : la naissance d’une politique du patrimoine
En 1830 est créé un poste d’inspecteur général des monuments historiques, chargé de recenser les édifices du royaume et de veiller à leur restauration. Il est confié en 1834 à Prosper Mérimée qui institue en 1837 la commission des monuments historiques.
En 1840, la commission publie une première liste de 934 édifices dont le classement est considéré comme urgent. Cette liste comprend des monuments préhistoriques et des bâtiments antiques et médiévaux. Grâce aux travaux de la commission, le nombre de monuments historiques passe à 3 000 en 1849. Cependant, comme elle ne dispose pas de pouvoirs légaux, ses recommandations restent souvent lettre morte.
Avec la loi du 30 mars 1887, le classement, qui n’avait qu’une valeur indicative, acquiert une portée juridique. la loi établit une procédure de classement pour les bâtiments et les objets jugés d’intérêt national, et assortit ce statut de droits et devoirs pour le propriétaire.
En 1905, la loi de séparation des Églises et de l’État confie aux collectivités locales et à l’État la responsabilité des édifices cultuels.
La loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques constitue le fondement du système d’intervention de l’État pour leur protection et leur sauvegarde.
La loi du 23 juillet 1927 instaure un second niveau de protection, destiné aux immeubles ayant un intérêt suffisant pour être protégés : l’inscription à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Depuis 1930 : extension et évolution des protections
La loi du 2 mai 1930 permet la protection des monuments naturels et des sites ainsi que de leurs abords.
La loi du 25 février 1943 crée autour des monuments historiques un champ de visibilité de 500 mètres à l’intérieur duquel aucune construction nouvelle ni modification ne peut être réalisée sans autorisation.
La loi du 4 août 1962 (dite “loi Malraux”, du nom du ministre des Affaires culturelles) facilite la restauration immobilière et introduit la notion de secteurs sauvegardés. Délimités par arrêté ministériel, ils permettent d’assurer la sauvegarde et la mise en valeur d’ensembles urbains cohérents. Ils deviennent en 2016 les “sites patrimoniaux remarquables”.